Notre-Dame-du-Bout-du-Pont, une église encore trop peu connue à Pau
Notre-Dame-du-Bout-du-Pont vient de fêter les 90 ans de son installation au 14-Juillet. L’occasion de revenir sur son histoire insolite et de dévoiler ses trésors architecturaux.
Au cœur du quartier du 14-Juillet, se dresse depuis 90 ans, à l’angle des rues Marcel-Barthe et du Général-Dauture, Notre-Dame-du-Bout-du-Pont. Cette église à l’histoire aussi singulière que méconnue souffre d’un « manque de visibilité, enclavée au milieu des maisons et loin du centre-ville », concède le père Benoît Martel, en charge de la paroisse Notre-Dame de l’Espérance (qui comprend l’église de Jurançon et la chapelle de Rousse).
Si certains passent à côté sans même la remarquer, d’autres n’ont jamais franchi son seuil. « Et pourtant, elle est ouverte tous les jours, à des horaires variables certes, mais tout le monde peut entrer », explique le prêtre. Et pas seulement les croyants, car l’histoire et l’architecture des lieux méritent le détour, quand bien même aucune plaque historique n’a été apposée à l’extérieur, contrairement aux églises du centre-ville.
Du centre-ville au 14-Juillet
Tout commence, de l’autre côté du Gave, à l’emplacement de la Fnac, à l’angle des actuelles place Clemenceau et rue Alfred-de-Lassence. C’est là qu’en 1873, l’architecte Touzis édifie la chapelle du couvent des Ursulines, de style néogothique.
En 1905, après la loi de séparation de l’Église et de l’État, la Ville de Pau souhaite démolir cet édifice, pour créer ce qui est aujourd’hui la place Clemenceau. Intervient alors l’abbé Édouard Hourcade, en charge de la paroisse de Jurançon, dont fait partie le quartier du 14-Juillet. « Il voulait réévangéliser le quartier où les gens ne pratiquaient pas beaucoup. Il a d’abord récupéré des hangars sur le champ d’aviation pour offrir un lieu de prières aux habitants. Puis, ayant eu vent de la démolition du couvent, il l’a racheté », relate Benoît Martel. Entre 1929 et 1932, l’église fut déplacée et reconstruite pierre par pierre à quelques pas de la rue du 14-Juillet.
Une dévotion médiévale
La chapelle prend alors le nom de Notre-Dame-du-Bout-du-Pont. « Il existait une dévotion à la Vierge très ancienne. Une chapelle lui était même dédiée au bout du pont du Gave d’où son nom. Aujourd’hui, il ne reste plus que les piliers de cet ouvrage qui arrivait au milieu de la place de la Monnaie. Apparemment, il n’était pas très sûr et les bergers imploraient la Vierge lorsqu’ils devaient le franchir avec leurs troupeaux pour partir en estive dans la vallée de l’Ossau », explique le prêtre.
Jeanne d’Albret aurait elle-même chanté cette prière en accouchant d’Henri IV, en décembre 1553. Quelques vers en béarnais (« Nouste Dame deü Cap deü Pount adjuvat me a d’aqueste Hore » que l’on peut traduire par « Notre-Dame du bout du pont, secourez-moi à cette heure ») sont d’ailleurs inscrits aux pieds de la statue de Notre-Dame installée dans l’absidiole.
Mosaïque au paysage local
Cette toute petite chapelle ouverte sur le chœur est un petit bijou à ne pas manquer. Recouverte d’une mosaïque, œuvre de l’atelier Mauméjean Frères, elle représente les Pyrénées, le château, les eaux du Gave, l’église Notre-Dame-du-Bout-du-Pont, le roi Louis XIII qui a consacré la France à la Vierge et son épouse Anne d’Autriche. Au centre, la sculpture en bois polychrome de la Vierge « appartenait aux Servantes de Marie, des sœurs qui n’ont quitté la rue du 14-Juillet qu’en 1903 et qui ont fait prospérer le culte marial », précise le père Martel.
Aux pieds de l’absidiole est scellée la tombe de l’abbé Hourcade, qui après avoir réussi le pari de transporter une église, désira y reposer pour l’éternité.
Un refuge mères enfants
À l’occasion de ses 90 ans, Notre-Dame-du-Bout-du-Pont bénéficie d’une nouvelle « affectation et devient refuge de la mère et l'enfant », explique le père Benoît Martel. Qui précise « dans cette période qui nous semble difficile pour les mères, de la grossesse à l’exercice de la parentalité, nous avons voulu nouer un lien spirituel fort avec elles ».
Cette proposition exclusivement cultuelle et spirituelle s’appuie jusqu’à décembre sur un programme de messes solennelles, de temps de prières, de conférences (sur le thème : « La maternité : un accomplissement pour la femme ? ») et de concerts. Toutes ces manifestations auront lieu à l’église.
Florence Chevalier